Des paroles qui prêtent à sourire pour une interprète atypique. Sortie en 1962, Dominique est une chanson d’une jeune religieuse belge passionnée de musique. Le titre sera crédité du nom de Soeur Sourire, mais derrière ce pseudo se cache Jeanine Deckers.
Elle était entrée au couvent faute de ne pas avoir trouvé de travail comme professeur de dessin. Grâce à sa chanson Dominique, elle fera gagner à sa Congrégation une somme considérable : ayant fait vœu de pauvreté, c’est bien le couvent qui profitera des droits d’auteurs du titre. Un véritable jackpot puisque la chanson deviendra un tube mondial, parvenant même à atteindre la première place aux Etats-Unis.
En 1966, consciente que sa place n'est plus au couvent et qu'elle n'a pas cette vocation là, elle retourne à la vie "civile" et continue une carrière d'auteur, compositeur, interprète...Ses autres albums seront crédités cette fois-ci “ Luc Dominique” (le couvent lui ayant demandé de ne plus utiliser le nom de Sœur Sourire), mais elle ne réussira pas à réitérer le succès de Dominique.
Le fisc belge, qui n'a rien à envier à son homologue français dans l'art de demander ce qu'on ne lui doit pas, réclame à cette pauvre femme le produit financier "amassé" par Sœur Sourire. Sans vouloir tenir compte du fait que ce n'est pas elle, mais sa Congrégation et quelques œuvres de l'ordre des Dominicains qui ont bénéficiés du pactole ! Malheureusement personne n'a songé à lui remettre quitus et, dans sa grande naïveté du monde, elle n'a rien demandée. Protester, expliquer, ne servira à rien, le fisc persiste, et les autorités religieuses ne voleront pas à son secours. Cette dette énorme pour l'époque, grossie des intérêts, Sœur Sourire ne peut évidemment y faire face et cela va constituer le début de la descente en enfer.
Dans la vie privée, Sœur Sourire est en ménage avec Annie Pecher, une femme de 11 ans sa cadette qui s’occupe d’enfants autistes. Une relation que les paparazzis ne manqueront pas d’épier. Presse, radios et télévisions du monde entier tournent en boucle sur les déboires financiers et la relation lesbienne qu’entretient cette ancienne religieuse. Cela en est trop pour les deux femmes : s’en suivra dépression, médicaments et alcool avant de mettre toutes deux fin à leur jour, le 29 mars 1985.
