Sorti à peine quatre ans après l'insurmontable I'm Your Man, The Future est le neuvième album de Leonard Cohen. The Future ne transpire pas la gaité, c'est un album grave, réfléchit, abordant des thèmes sombres, des visions pessimistes sur notre avenir.
Dans cet album, Leonard Cohen parle frontalement de l'avenir, de ses doutes, de ses points de vue politiques, de son regard sur la société et ses dérives, de la médiatisation. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si trois titres de cet album figureront dans le Tueurs Nés d'Oliver Stone.
Nous sommes en 1990, et Leonard Cohen n'est plus ce chanteur accompagné de sa guitare, ex poète à la voix encore fragile et sur le fil. Cohen est vieux, fatigué, mais sa voix est plus sombre, plus grave, plus chargée émotionnellement que jamais, gorgée de suc, d'une nonchalance grondante et obsédante. Il est déjà devenu la véritable icone que l'on connaît, louée par les Nick Cave et tous les avatars gothiques ou romantiques qu'elle a engendrés... Tel un empereur sentant sa fin approcher, mais dont la puissance mystique n'aura jamais été aussi forte, Cohen pose donc sa voix d'ébène sur les 8 titres constituant la majeure partie de cet album, la dernière piste étant un instrumental soyeux réalisé au synthétiseur.
Le premier titre (éponyme) est un hymne entraînant et magnifique, très rythmé, d'inspiration ska et gospel (orgue lyrique à l'appui) sur lequel Cohen pose un discours plein de désespoir masqué en cynisme, sublimé par des métaphores meurtrières et lourdes de sens. Appelé à l'origine "Si vous pouviez voir ce qui va suivre", The Future décrit un monde effrayant que l'on ne veut évidemment pas laisser à ses enfants.
2022, les gens se battent toujours, se décomposent moralement, souffrent de maladies qui se multiplient et détruisent la nature, mais l'avenir qui est venu ne semble toujours pas si terrible. Ou l'apocalypse n'est-elle pas encore là?