It's a new dawn, It's a new day, It's a new life...

Tube planétaire aux innombrables reprises, Feeling Good est si intimement liée à Nina Simone qu'il est difficile de croire que la chanteuse américaine n'est pas à l'origine de l'œuvre. En effet, la célèbre chanson est extraite d'une comédie musicale britannique de 1964, The Roar of the Greasepaint, The Smell of the Crowd, de Leslie Bricusse et Anthony Newley (leurs noms ne vous disent peut-être rien, mais c'est ce duo qui a, notamment, co-écrit la chanson Goldfinger, composée par John Barry et impérialement chantée par Shirley Bassey). Grand succès au Royaume-Uni, le spectacle est repris à Broadway l'année suivante. Dans une ambiance jazzy/crooner lyrique, et sur des arrangements plutôt smooth, ce sont successivement Cy Grant puis Gilbert Price qui poseront leurs voix sur ce qui va devenir un des standards absolus du 20e siècle.

L'intrigue est une allégorie socio-économiques britanniques dans les années 1960, entre la classe supérieure, incarnée par le personnage de Sir, et la classe populaire, incarnée par Cocky. Alors que ces deux personnages se défient dans un jeu sans règles, un troisième personnage, initialement nommé The Negro (puis renommé The Stranger et The Black Man), remporte le jeu à la grande surprise de Sir et Cocky. En joie après son coup de maitre, The Negro entonne Feeling Good comme un chant de victoire. Dans le contexte d'une époque marquée par la ségrégation raciale et la lutte pour les droits civiques, l'air est immédiatement identifié comme une revendication d'émancipation dès sa représentation aux Etats-Unis.

Chanteuse engagée, Nina simone voit dans la chanson Feeling Good l'hymne parfait pour exprimer sa colère et sa frustation face aux injustices sociales. En 1965, elle sort son nouvel album dans lequel se trouvent plusieurs reprises de morceaux célèbres (dont I Put a Spell On You et Ne me quitte pas) et en septième position se trouve la reprise de Feeling Good, seulement six mois après la sortie de la comédie musicale de Bricusse et Newley. Avec une joie teintée de douleur, attendant une nouvelle aube, d'un nouveau jour, d'une nouvelle vie, Nina Simone entonne Feeling Good avec une force tonitruante, presque menaçante. Le tout est fortifié par de puissants cuivres dans l'orchestration de Hal Mooney pour big band au swing presque insolent.

La version de Nina Simone devient dès sa sortie une référence incontournable pour les innombrables reprises qui suivront, de Sammy Davis Jr à Muse en passant par George Michael, Lauryn Hill, Alicia Keys et Avicii. Même si nul ne saura trouver la même force, l'énergie et la sincérité de la Miss. Et presque 60 ans plus tard, dans une Amérique toujours bouleversée par le racisme, le chant à la fois jubilatoire et contestataire de Nina Simone sonne avec autant de ferveur et de fureur que lors de sa sortie en 1965.

The Black Skies ft Hellbound Glory - Cy Grant - Feeling Good - cover

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